MON TREK - MON RECIT
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2eme jour : jeudi 1er avril

Etape : Phakding - Bengkar - Monjo - Jorsale - Namche Bazar

Départ : 7h35 
Arrivée : 13h05
Temps de marche : 5h30

Dénivelé positif : 995 m
Dénivelé négatif : 35 m
Dénivelé absolu : 1030 m


  Ce matin, je prends un petit déjeuner avant d'attaquer la journée, en espérant qu'elle sera meilleure que celle d’hier. La première heure se passe assez bien, mais cela ne dure par, je marche d'un pas lent, et je fais beaucoup de petites pauses. Un peu comme les porteurs Sherpas, je marche à leur vitesse, ils s'arrêtent comme moi fréquemment, mais eux, c'est pour se reposer des lourdes charges qu'ils transportent. Je me dis que dans ces conditions, je n'arriverai jamais au Camp de Base de l'Everest… C'est peine perdue… Je vais continuer jusqu'à Namche et je verrai pour la suite. Au niveau du pont de Bengkar, là où je fais une énième pause, je revois la fille de l'aéroport… Hannah (accompagnée d'un guide/porteur), elle est Anglaise, étudiante en langues étrangères et parle très bien le français. Ca fait du bien de parler un peu français, je me sens un peu moins seul et ça me fait penser à autre chose qu’à mon bide. 

  Le chemin d'aujourd'hui longe la Dudh Kosi, une rivière qui descend des lacs de Gokyo, avec son étrange couleur blanche, d'où son nom la rivière de lait. A plusieurs reprises, je passe de longs ponts suspendus pour la traversée (attention à ne pas passer en même temps qu'une caravane de yacks). Dans la dernière grande montée de deux heures qui mène à Namche, je m'arrête tous les cent mètres, je suis complètement lessivé. Je fais une halte pour m'accorder une petite sieste sur un grand rocher plat où un Lama Tibétain se repose également. Il attend trois femmes (portant de lourdes charges comme lui) qui le suivent. Tous les quatre font route vers Namche. Sur le rocher, Tiabéti, le Lama, me propose de partager son repas et son jus d'orange. Je suis obligé de refuser, comment lui faire comprendre que je suis déjà malade, et que sa nourriture n'arrangerait rien (notre discussion se limite à des gestes, des regards et quelques mots d'anglais). Quant ils reprennent la route, ils m'embarquent avec eux, et me donnent un truc à mettre dans ma bouche (j'accepte pour ne pas les vexer), on dirait un gros morceau de verre, c'est plein de sucre, c'est comme un bonbon à sucer. Nous ferons un petit bout de chemin ensemble… Jusqu'au moment où la pente deviendra encore plus raide, et que je lâcherai prise. Il voit que j'ai du mal et il me propose de porter mon sac, mais je refuse (il est déjà plus chargé que moi).

  Avant mon départ de France, on m'a souvent dit que le sentier qui mène au Camp de Base était une vraie autoroute. Je ne trouve pas, certes il y a du monde entre les trekkeurs, les guides, les porteurs, les caravanes de yacks… Mais la majorité des personnes sont des Sherpas (ethnie vivant sur l'Everest), il n'y a pas une si grande quantité de randonneurs que ça.

  Une fois à Namche (soulagé d'être arrivé), je cherche la lodge où Hannah m'a dit qu'elle logeait. Le problème est que j'ai oublié le nom et qu'ici, il y a énormément de lodges. Je fais le tour de quelques-unes d’entre elles en demandant : "Have you seen a young girl, twenty years, with piercing ?" (en montrant mon menton), sans résultat, je patiente donc dans la rue principale de Namche, en me disant qu'elle finira bien par passer.

  Namche est la capitale de la région de l'Everest, alimentée en électricité, on y trouve de tout, boutiques de sport, pâtisseries, supérettes, laveries, restaurants, bars, bureaux de change, poste… Ici, on a accès à internet, au téléphone par satellite, à la télévision, les douches sont chaudes. Beaucoup de randonneurs montent jusqu'ici et ne vont pas plus haut, ils font juste quelques balades aux alentours.

  Après avoir retrouvé Hannah dans un cybercafé (et donc la lodge), je peux enfin poser mes affaires et me reposer. N'ayant mis que très peu de temps à nous rendre compte qu'il y avait des pâtisseries à Namche, nous ne tardons pas à en investir une afin de nous régaler avec un croissant au chocolat… Dans la lodge de ce soir, le Trekkers Inn où il fait déjà très froid, nous ne sommes que trois. C'est là que je fais la connaissance de Thomas, un alpiniste Français venant de Savoie, il est là pour se balader un peu avant de tenter avec des amis, un sommet à plus de 7000 mètres dans les Annapurnas. Sur son conseil, au souper, je goûte au fameux dhal-bhat, c'est une soupe de lentilles avec du riz, des légumes au curry. Mon appétit commence à revenir, mais je suis encore très faible, et le froid n'arrange rien (il fait plus froid que ce que je pensais), à dix neuf heures la température est en dessous de 10°C. Demain est un jour d'acclimatation, je dois passer deux nuits ici, j'avais prévu de marcher en direction de Thame (environ sept heures de marche aller/retour). Mais je pense que je vais plutôt me reposer et me balader dans Namche.


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